Mares tourangelles : une disparition inquiétante

Un rapport du Conseil Départemental va bientôt être publié, qui dresse un constat alarmant sur la situation des mares en Indre-et-Loire. En effet, 30 à 70 % des mares ont disparu depuis 1950, alors qu’elles constituent un éléments essentiel des écosystèmes : il y a des mares de prairie, de culture, de lande, de friches et bosquets, des mares forestières, des mares de village (viviers, ou lavoirs) : toutes s’effacent de la carte, alors que l’intérêt pour ce patrimoine naturel  est quasi inexistant. En cause de ces disparitions, souvent par comblement, on relève notamment l’évolution des pratiques agricoles, ainsi que l’urbanisation des zones rurales. Même pour les mares qui sont dans le domaine public (1 200 points d’eau sont dans le domaine public, sur les 16 035 points d’eau identifiés dans le Département), beaucoup ne sont pas dans un bon état écologique, en raison de leur abandon, ou de leur mauvaise gestion, ou de leur pollution par des nitrates, phosphates, molécules chimiques), ou de la destruction des haies qui les entourent. Le tableau paraît bien sombre, même si quelques communes veillent à protéger et entretenir leurs mares. Pourtant, le Département a décidé d’engager un « plan mares », assorti d’un financement pour restaurer des mares. Le dispositif a été étudié par Lenny Boulay, responsable du pôle « espaces naturels et biodiversité » du Département, avec deux associations, la SEPANT et la Société herpétologique de Touraine, et en s’appuyant sur les cartes et relevés IGN. Il souligne que les mares ne sont pas seulement des trous d’eau au fond des champs : ces petites zones humides abritent souvent des espèces remarquables, algues, herbacées, insectes, mollusques, amphibiens, oiseaux, mammifères… Avec les haies et les fossés, ce sont des éléments forts de la trame verte et bleue, reliant plusieurs espaces naturels. Une mare est intéressante à condition de ne pas abriter de poissons, et d’être accessible par une pente douce. Elle suscite une végétation spécifique qui s’y développe naturellement. Dans l’immédiat, l’effort de restauration va porter sur les mares communales, comme à Bossée ou à Saint-Genouph.

Source : La Nouvelle République – 01/11/2019