La Loire pourrait se voir dotée d’une personnalité juridique

Un « parlement de Loire » s’est réuni à l’initiative d’un écrivain et juriste, Camille de Toledo, tenant sa première séance au Polau (pôle arts et urbanisme) de St Pierre-des-Corps. C’est une démarche inédite en Europe : engager une réflexion autour du statut juridique du fleuve Loire. Plusieurs cours d’eau se sont vu reconnaître la personnalité juridique, dans le monde : le Whanganui en Nouvelle-Zélande, fleuve cher aux Maoris, le Gange et la Yamuna, au nord de l’Inde. Cette reconnaissance vise à apporter une meilleure protection de ces cours d’eau, à défendre le fleuve et ses habitants contre les nombreuses agressions qu’ils subissent. L’idée a germé lors de rencontres avec des artistes et des scientifiques, selon une animatrice du Polau. Des auditions sont organisées dans le cadre du « parlement de Loire » pour dessiner les contours de cette institution potentielle, parmi lesquels celles de Bruno Latour (sociologue, anthropologue et philosophe des sciences), Virginie Serna, (archéologue, conservatrice du patrimoine), Bruno Marmiroli (directeur de la Mission Val de Loire). La question de la personnalité juridique des éléments non-humains est essentielle, selon le professeur de droit américain Christopher Stone : il n’est plus temps de s’interroger sur le caractère légitime ou non de cette reconnaissance. « Dans cette époque de violente destruction des espèces, des écosystèmes, de la biodiversité, il s’agit simplement de définir comment nous devrons au mieux défendre leurs droits ».

source : La Nouvelle République – 18/10/2019