La sécheresse nécessite de l’anticipation, souligne la SEPANT

Le phénomène de sécheresse longue, qui frappe maintenant chaque année la Touraine de juin à septembre, devenant endémique, mérite mieux qu’une cellule de crise réunie en juillet-août pour constater la forte baisse des niveaux d’eau et encadrer l’irrigation, estime la SEPANT. «Les prélèvements doivent être interdits dès que l’on s’aperçoit que les nappes n’ont pas été rechargées en hiver » précise Gilles Deguet, responsable du groupe Eau de la SEPANT. Il est possible d’anticiper les épisodes de sécheresse, en étudiant la pluviométrie de toute l’année. Or la gestion de crise qui prévaut au sein des comités sécheresse n’incite pas à changer les usages. La tentation est forte chez certains agriculteurs de réclamer des retenues pour avois de l’eau en été : pour Gilles Deguet, cela ne profite qu’aux plus gros agriculteurs, « au lobby des irrigants qui privatise un bien public en réalisant des investissements subventionnés à 90 % par les pouvoirs publics ». En outre c’est une idée fausse que de penser que l’eau stockée en hiver permettra de lutter contre la sécheresse estivale : d’une part il faut compter sur un important phénomène d’évaporation (23 %, selon une étude menée en 1988 sur les étangs du Département), d’autre part parce que cela empêche de recharger les nappes. Or, dit la SEPANT, c’est seulement en respectant le cycle de l’eau, en la laissant s’infiltrer dans les sols puis rejaillir progressivement que l’on pourra limiter les effets de al sécheresse estivale. La SEPANT lance également un vibrant plaidoyer en faveur des zones humides, « dont 50 à 70 % de la surface ont disparu en Touraine depuis le XIXème siècle ». Les zones humides ont non seulement en grand intérêt en terme de biodiversité, mais elles sont aussi indispensables pour capter le carbone : 2,6 tonnes par hectare et par an, ce qui les rend encore plus efficaces que les forêts. La SEPANT considère que l’heure est grave pour al ressource en eau, et qu’il faut travailler ensemble pour mettre en place des systèmes agricoles résilients et durables.

source : La Nouvelle République – 14/09/2019