La loutre, indicateur de la qualité des eaux

Pendant longtemps, on a pensé que la présence de la loutre d’Europe était un indicateur sûr de la pureté des eaux. Même si cela n’est pas tout à fait vrai, car même dans son dernier refuge du marais Poitevin elle a vécu dans des eaux partiellement contaminées, si les taux de contamination augmentent trop et que la pollution devient létale pour la loutre, c’est un avertissement pour l’homme, observe René Rosoux, spécialiste qui a consacré un ouvrage à « La Loutre d’Europe » (édition Biotope). Ce vice-président du Conservatoire des espaces naturels du Centre-Val de Loire croit à la relation étroite entre la santé des cours d’eau et la vie de la loutre. Il collecte depuis les années 80 les loutres trouvées mortes (dans 90 % des cas écrasés sur la route), pour les congeler, et permettre des recherches actuelles (substances contaminantes) ou futures. Sur les deux cents cadavres étudiés, aucun n’était pas victime d’une pollution, parfois d’un cocktail de contaminants, sur lesquels il nous reste beaucoup à apprendre. Historiquement, la loutre avait presque disparu, en France, à la suite d’une campagne d’éradication dans les années 1920. Il ne restait que quelques bastions en Charente-Maritime, Vendée et Deux-Sèvres. Grâce à la fin du piégeage, et à des programmes de conservation, la loutre d’Europe est revenue dans quasiment la moitié de la France, sans programme de réintroduction (le seul qui a été mis en œuvre, en Alsace dans les années 80, a été un échec). Dans le Centre et l’Ouest Atlantique, la loutre est revenue toute seule et sans aide. Elle a une capacité de résilience forte, et la qualité des eaux s’est tout de même améliorée, notamment dans les plans d’eau artificiels créés pour les loisirs ou la pêche ; en 2005, René Rosoux a trouvé pour la première fois une loutre dans la Loire.

source : La Nouvelle République – 24/10/2019